Evaluation des capacités d’imagerie mentale : Version française validée du « Movement Imagery Questionnaire-third version » ou MIQ-3f 


Nicolas Robin (1),*, Guillaume R. Coudevylle (1), Aymeric Guillot (2) et Lucette Toussaint (3)

1  Université des Antilles, Faculté des Sciences du Sport de Pointe-à-Pitre, Laboratoire ACTES (UPRES EA 3596)
2  Université Claude Bernard Lyon 1, Faculté des Sciences du Sport de Lyon, Laboratoire Interuniversitaire de Biologie de la Motricité
3  Université de Poitiers, Faculté des Sciences du Sport de Poitiers, Centre de Recherches sur la Cognition et l’Apprentissage

robin.nicolas@hotmail.fr

Le questionnaire MIQ-3f

Lorsque l’on souhaite faire de l’imagerie mentale, ou imagerie motrice, il est important de contrôler et/ou d’évaluer la capacité d’imagerie des pratiquants (Cumming & Ramsey, 2009). En effet, il a été montré que des individus considérés comme « bons imageurs » atteignaient de plus hauts niveaux de performances que leurs homologues « mauvais » imageurs (Goss, Hall, Buckolz, & Fishburne, 1986 ; Robin & Coudevylle, 2018).

La capacité d’imagerie peut être notamment estimée au moyen de questionnaires d’auto-évaluation de type papier-crayon (Williams et al., 2012). Parmi les questionnaires existants, le Movement Imagery Questionnaire-revised (MIQ-R ; Hall & Martin, 1997), dont il existe une version française traduite et validée en français (Lorant & Nicolas, 2004), est largement utilisé par les francophones. Cependant, comme l’indiquent Roberts, Callow, Hardy, Markland et Briger (2008), ce questionnaire ne permet pas de distinguer les perspectives d’imagerie visuelles (interne et externe). Or des travaux de recherche, réalisés avec des techniques d’imagerie cérébrale, ont mis en évidence des patterns d’activation corticale distincts entre l’imagerie visuelle réalisée selon une perspective interne (i.e., voir intérieurement les changements découlant de la réalisation d’une action du point de vue de l’exécutant comme si on regardait avec ses propres yeux) et l’imagerie visuelle réalisée selon une perspective externe (i.e., se voir réaliser un mouvement ou une séquence de mouvements à la troisième personne comme si on était filmé avec une caméra) (Jiang, Edwards, Mullins, & Callow, 2015 ; Seiler, Monsma, & Newman, 2015). C’est pour cette raison que le Movement Imagery Questionnaire-third version (MIQ-3, Williams et al., 2012) a été proposé, pour des personnes anglophones, afin de différencier les capacités d’imageries des modalités visuelles internes et externes, mais aussi de la modalité kinesthésique ou proprioceptive.

Comme il n’existait pas de version française du MIQ-3, nous avons réalisé une étude avec 272 participants (Mage = 20,26 years ; SD = 1,73) afin de valider une version traduite en français de ce questionnaire (i.e., MIQ-3f). La validité de construit, la cohérence interne des items et la fiabilité test-retest du MIQ-3f étant satisfaisantes (Robin, Coudevylle, Guillot & Toussaint, 2020), cette version française du questionnaire est apparue comme étant un instrument d’auto-évaluation de la capacité d’imagerie de personnes francophones, valide et fiable. Nous vous proposons de mettre à votre disposition cet outil de mesure de la capacité d’imagerie, que vous pourrez télécharger au moyen d’un lien situé en dessous des références.

 

Mots clés

Imagerie mentale, mouvement, validation, traduction française, questionnaire.

 

Références

Cumming, J., & Ramsey, R. (2009). Imagery interventions in sport. In S. D. Mellalieu & S. Hanton (Eds.), Advances in applied sport psychology: A review (pp.5–36). London: Routledge.

Goss, S., Hall, C., Buckolz, E., & Fishburne, G. (1986). Imagery ability and the acquisition and retention of movements. Memory Cognition, 14(6), 469–477.

Hall, C., & Martin, K. (1997). Measuring movement imagery abilities: A revision of the Movement Imagery Questionnaire. Journal of Mental Imagery, 21(1/2), 143–154.

Jiang, D., Edwards, M.G., Mullins, P., & Callow, N. (2015). The neural substrates for the different modalities of movement imagery. Brain and Cognition, 97, 22–31.

Lorant, J., & Nicolas, A. (2004). Validation de la traduction Française du Movement Imagery Questionnaire-Revised (MIQ-R). Science & Motricite, 53, 57–68.

Roberts, R., Callow, N., Hardy, L., Markland, D., & Bringer, J. (2008). Movement imagery ability: Development and assessment of a revised version of the vividness of movement imagery questionnaire. Journal of Sport & Exercise Psychology, 30, 200–221.

Robin, N., & Coudevylle, G. R. (2018). The influences of tropical climate, imagery ability, distance and load on walking time. International Journal of Sport Psychology, 3, 66–87.

Robin, N., & Coudevylle, G. R., Guillot, A., Toussaint, L. (2020). French translation and validation of the Movement Imagery Questionnaire-third version (MIQ-3f). Movement & Sport Sciences.

Seiler, B., Monsma, E., & Newman-Norlund, R. (2015). Biological evidence of imagery abilities: Intraindividual differences. Journal of Sport and Exercise Psychology, 37, 421–35.

Williams, S., Cumming, J., Ntoumanis, N., Nordin-Bates, S., Ramsey, R., & Hall, C. (2012). Further validation and development of the movement imagery questionnaire. Journal of Sport & Exercise Psychology, 34, 621–646.

 

Lien pour le téléchargement du questionnaire :

Version française du Movement Imagerie Questionnaire-third versionIQ-3f

 

Biographie des auteurs du billet

 

Nicolas Robin est docteur en Psychologie Cognitive, Maître de conférences en STAPS à l’Université des Antilles (Laboratoire ACTES, EA 3596). Ses recherches portent sur l’imagerie mentale, l’apprentissage moteur, l’activité physique ainsi que la cognition et la performance motrice en condition de stress thermique. Il est responsable de la LICENCE 2 STAPS au sein de la Faculté des Sciences du Sport de Pointe-à-Pitre. 

 

 

Guillaume Coudevylle est docteur en STAPS, Maître de conférences HDR à l’UFR STAPS de l’Université des Antilles (Laboratoire ACTES, EA 3596) et préparateur mental. La première partie de ses travaux de recherche se situe dans le champ de la psychologie sociale, et plus particulièrement, dans le domaine de la motivation des sportifs de niveau compétitif. La deuxième partie de ses travaux de recherche porte sur l’impact du climat tropical sur le fonctionnement psychologiques et les performances sportives.  

 

 

Aymeric GUILLOT est Professeur des Universités au Laboratoire Interuniversitaire de Biologie de la Motricité (LIBM – EA 7424), à l’Université Claude Bernard Lyon 1. Ses travaux portent sur l’effet de l’imagerie motrice sur la performance, la consolidation des apprentissages et le recouvrement des fonctions motrices. La neuroplasticité induite par l’imagerie motrice, ainsi que les moyens d’évaluation et d’objectivation de l’entraînement mental, constituent deux éléments transversaux de ses thématiques de recherche.

 

 

Lucette Toussaint est Professeur des Universités et membre du Centre de Recherches sur la Cognition et l’Apprentissage (CeRCA, CNRS UMR 7295). Elle dirige l’école doctorale Sciences du Langage, Psychologie, Cognition, Education de l’Université de Poitiers. Ses travaux portent sur les effets de la privation d’exercice sur le fonctionnement du système sensorimoteur, sur les liens actions-cognition et sur l’intérêt d’une pratique en imagerie motrice dans le contrôle des mouvements humains.