Célia RUFFINO
Laboratoire INSERM U1093 – Cognition, Action et Plasticité Sensorimotrice
Célia Ruffino a été lauréate du dernier congrès de l’ACAPS. A ce titre, elle a rédigé un résumé de sa recherche primée pour le blog de l’ACAPS.
Auteurs de la communication : Célia Ruffino, Charlène Truong, William Dupont, Fatma Bouguila, Carine Michel, Florent Lebon & Charalambos Papaxanthis
Au cours de mon parcours de jeune chercheuse, je me suis intéressée à l’impact d’un entrainement par imagerie motrice, qui est la simulation mentale d’une action sans production de mouvement, sur l’amélioration des performances. Plus particulièrement, cette étude visait à comparer les processus de consolidation consécutifs à un apprentissage par pratique physique et par pratique mentale.
Suite à un entrainement physique, de nombreuses études ont mis en avant le rôle majeur du passage du temps et de la nuit de sommeil sur la consolidation des apprentissages (Walker et al. 2002). Des améliorations supplémentaires des performances ont en effet été observées en dehors de toute pratique, appelées gains ‘hors-lignes’. Après un apprentissage par imagerie motrice, des résultats similaires ont été observés suite à une nuit de sommeil (Debarnot et al. 2009), mais les effets du simple passage du temps demeurent à l’heure actuelle très peu étudiés. Le but de cette étude était alors de comparer les processus de consolidation consécutifs à ces deux types d’apprentissage. Nous avons utilisé une tâche de pointage, mêlant vitesse et précision des mouvements, sur laquelle les participants se sont physiquement ou mentalement entrainés. Dans un premier temps, nous avons comparé leurs performances obtenues avant et après l’entrainement, afin d’évaluer l’acquisition. Puis, les performances des participants ont été re-testées six heures et vingt-quatre heures après la fin de l’entrainement, afin d’évaluer respectivement l’impact du passage du temps et de la nuit de sommeil. Concernant l’acquisition, nous avons observé une amélioration significative des performances après les deux types de pratique. Suite à l’entrainement physique, et en accord avec la littérature scientifique (Gentili et al. 2010), l’amélioration des performances était significativement supérieure à la pratique mentale. Pourtant, grâce au passage du temps (six heures après la fin de l’entrainement), des gains ‘hors-lignes’ ont été observés uniquement après la pratique mentale. Ainsi, l’amélioration globale des performances du groupe ayant bénéficié de l’entrainement par imagerie motrice est devenue équivalente au groupe pratique physique. Vingt-quatre heures après la fin de l’entrainement, les gains cumulés sont restés similaires pour les deux types de pratique. Ces résultats montrent donc des processus de consolidation différents entre pratique physique et pratique mentale, avec une amélioration de la performance retardée consécutive à l’imagerie motrice, qui permet d’atteindre des gains similaires à ceux obtenus suite à la pratique physique.
Ce travail, réalisé en collaboration avec des étudiants de master, se place dans la continuité de mes travaux de thèse, dans laquelle l’objectif était de comprendre les mécanismes comportementaux et neurophysiologiques consécutifs à un apprentissage par imagerie motrice. Actuellement, je poursuis mes recherches dans l’optique de comprendre au mieux les particularités de ce type d’apprentissage, notamment en le comparant à un entrainement physique. Mon Post-doctorat, à travers diverses collaborations, me permet de mettre en place plusieurs projets variés sur cette thématique, pour laquelle les questionnements restent multiples.
Mots clés :
Imagerie motrice, entrainement mental, apprentissage moteur, consolidation
Référence :
RUFFINO C., PAPAXANTHIS C., LEBON F. (2017). Neural plasticity during motor learning with motor imagery practice: review and perspectives. Neuroscience, 341: 61-78.
Biographie de l’auteur
Depuis mon entrée en master, mes travaux de recherche portent essentiellement sur l’imagerie motrice, et plus particulièrement sur son utilisation dans le cadre d’un apprentissage moteur. L’objectif, tant fondamental que clinique, est de comprendre au mieux les mécanismes comportementaux et neurophysiologiques qui en découlent.